K.A. 'Transfiguration'

2019 K.A. format digital


En direct de maintenant, voici un album qui mélange brutalité, finesse, dextérité, brutalité, violence et aussi recherche de précision, virtuosité ainsi que, l'ai-je dit, brutalité.
Résumons brièvement l'histoire du groupe: K.A. est un quatuor de ménestrel formé en 1995 en région parisienne avec quelques démos, des Ep et surtout, un cinquième album. Le groupe vous révélera sans problème beaucoup plus d'information ultérieurement plus tard.
Transfiguration est le cinquième album du groupe et celui-ci ne se prend pas la tête et va à l'essentiel: un putain de gros brutal death qui va annihiler tes cervicales, ton cerveau et, peut-être, ton anus (sans vraiment savoir l'ordre exact du déroulement des festivités). 10 titres (dont une intro) pour 45 minutes d'un voyage en pleine guerre nucléaire t'attend, avec moult délices et surprises.
Pour une fois, je commencerais par le son: juste énorme et, ô joie, chaque instrument est audible (et la basse claque vraiment!!! Ça c'est youpi!), avec une production que même les plus grand pros du béton armé envient.
Après une intro ('Biopsy') très déroutante et dérangeante invitant peut-être à un réveil à la réalité bien violent et très énervé avec un 'Rampage' qui annonce la couleur: ça va faire mal, ça va être sanglant mais putain, que ça va être bon. Et ça l'est, très clairement.
Car oui, c'est clairement bourrin mais il n'y a pas que ça dans ce que K.A. nous offre. Il y a une réelle dextérité, c'est technique, avec des mélodies ciselées venant en contraste de phases faites pour t'éclater l'occiput, sans anesthésie cela va s'en dire.
Le coté bourrin est aussi bien présent par un coté massif, rapide aux rythmiques de gros barbares alcoolisés sous acides s'invitant à un mariage de pacifistes à 2 de tensions, ne laissant pas de places au hasard ou de répit, histoire de bien nous faire nous concentrer sur la musique. Mais le bourrin vient aussi de par des passages plus lourds, bien violents pour les cervicales (à s'en décrocher la tête), prenant un rythme vraiment plus lent où la brutalité mute en une forme plus subtile mais tout aussi efficace.
Mais c'est aussi une violence de contraste, par des passages vraiment plus calmes par instants, distillant vicieusement un faux espoir de répit pour mieux te chopper de nouveau, sans vraiment laisser d'échappatoire. Quand elle se ne fait par des instants de disharmonie, redoutable d'efficacité car savamment distillés ('Omnipresent')
Le groupe soigne aussi les détails de sa musique et là, c'est indéniable qu'il y a un gros travail derrière. Il serait plus simple de faire du bourrin, juste du bourrin, mais le groupe structure sa musique, édifiant tout un monde derrière où les ambiances qu'il y a parfois ou les nombreuses subtilités qui ressortent de la musique (une ligne de guitare sèche, un choix de sample subtil et en adéquation avec l'ambiance, une mélodie tout en finesse, un solo pour migraine de doigts...) enrichissent ce que KA propose, lui conférant un aspect très addictif, malgré que ce soit du brutal death, ne l'oublions pas. Et aussi une sorte de lumière dans un univers sombre et brutal.
Les titres sont très variés et très différents les uns des autres. Tous partagent ce souci du détail qui fait mouche et qui justifie sa présence par une cohésion de l'ensemble, dans la progression de l'album.
Car oui, les titres servent clairement à une progression, quelque chose se cachant derrière la musique. Je ne pense pas à un concept mais plutôt à un fil rouge, qui confère à l'album une aura qui prend le temps de se développer pour prendre son essor à la fin de l'album, apportant une conclusion aux éléments explorés dans l'album.
Le chant, bien qu'ouvertement brutal, bien guttural, n'est pas linéaire et adopte des modulations servant à donner plus d'impact à la musique et aussi de participer à l'aura que dégage l'album.
KA prend aussi le temps de poser des jalons repères dans l'album, servant de guide vers la conclusion de celui-ci, apportant des éléments essentiels qui prennent tout leur sens à cette conclusion justement.
Et c'est avec 'Orphan of the Moon' que l'ensemble prend vraiment tout son sens, ce titre apportant la lumières sur les fameux repères que j'évoquais. Car le début du morceau est juste un putain de bon blues, tout en finesse et en émotion qui évolue avec subtilité vers une sorte de requiem qui touche directement l'âme, ouvrant une porte sur un monde qui est peut-être moins violent mais sûrement pas plus lumineux que celui d'où on arrive et qui est la clé d'une transfiguration que nous annonce le titre.
C'est clairement un album dense, complexe mais qui s'avère excellent si on l'écoute une fois comme ça et qui prend son sens avec plusieurs écoutes pour y capter tout l'univers qu'il renferme, foisonnant et accrocheur. Je ne peux que vous dire d'acquérir cet album, qui vaut nettement le détour.

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