Interview WARKULT
Haaaaa, la Normandie, ses vaches au beurre, ses près d'herbe verte au beurre, ses villages au beurre, ses pommiers au calva au beurre, ses pluies enrichies de beurre et de calva, ses bords de mer sentant bon l'iode au beurre... et ses groupes, multitudes de partout (mais pas tous au beurre, faut pas déconner non plus...). WARKULT en est, doit sentir le beurre chaud et le calva (ou pas...) et surtout balance la sauce, la saucière et la cuisinière avec, directement dans ta face. Les voici, après un super Ep nommé The wrong Mood, un petit brûlot au beurre de 5 titres plein de vigueur, avec une interview riche en émotion et autre.
1-
Bonjour à vous, gens guillerets, ménestrels excités ! Comment
allez-vous ? Allez, présentez simplement Warkult, avec des
schémas, des chiffres et des tableaux (les gens aiment les
tableaux).
Salut
à vous, joyeux drilles de Margoth PDF ! Warkult se compose de 5
personnes à l’heure actuelle : Bertrand (aka Berdoune) au
chant depuis 2002, Guillaume (aka Guigui) à la basse depuis 2010,
Pierre (aka Emynona Ruengies) à la batterie depuis 2006, et Romain
et Sacha que nous venons tout juste d’intégrer à la guitare
depuis mars 2018, c’est donc tout frais. On cherche encore leurs
surnoms… ;-)
Beaucoup
de guitaristes se sont succédés ces derniers temps dans Warkult.
Nous avions Touni avec nous depuis 2009 mais il est parti vers
Limoges… Il continue de proposer des compositions que nous
intégrons dans notre set. Seb également, qui a été guitariste
avec nous de 2008 jusqu’à 2017, et qui a apporté des compos qui
ont forgé l’identité musicale actuelle du groupe. Léon et
Antoine ont aussi été un renfort non négligeable sur scène.
Nous
jouons du metal extrême oscillant entre le thrash, le death et le
black, sur des tempi rapides et avec de nombreux breaks.
2-
Warkult… quels mystères se cachent derrière ce nom ? Est-ce
pour dire que les guerres ça craint (heu… ne serait-ce pas alors
warsuck le nom?) ? Plutôt une approche genre ‘la guerre
putain, la guerre’ !!? Ou non, c’est beaucoup plus subtil,
comme le montre le tableau n°5 de votre présentation en
power-point ? Ne serait pas aussi un clin d’œil à un groupe
ou une scène musicale, renvoyant par la thématique à un culte
guerrier ?
Warkult
est le culte de « la guerre aux cultes de la guerre »,
à savoir l’obscurantisme sous toutes ses formes, qu’elles soient
religieuses, étatiques ou culturelles. C’est en 2001 que les
« Pères Fondateurs » ont choisi ce nom après avoir
évolué un temps en tant que Berserk.
Nous
avions songé ces dernières années à changer de nom afin de
recréer une identité neuve et plus moderne ; nous avons eu
quelques passages sur scène sous le nom poétique de Nacht Butcher
(et on va laisser les linguistes faire tranquillement leur boulot
pour traduire ce que ça veut dire… Indice : allemand et
anglais… vous allez voir c’est subtil ^^ ) puis finalement, après
le départ de Seb, nous avons repris notre identité primaire, à
savoir Warkult. On commençait à en avoir marre de se présenter
comme « Nacht Butcher… tu sais, on s’appelait Warkult
avant... mais si, tu connais ! »
Bref
Warkult, c’est notre identité profonde et c’est comme ça que
les normands nous connaissent.
3-
Vous jouez clairement du metal extrême. Ça va dans tous les sens
(Tant que ça déboîte… me dit mamie). Il me semble que votre
approche, c’est un peu ‘on s’en fout du style. Tant que ça
bute...’. Vous avez connu une certaine valse de guitaristes, aux
influences diverses, qui est une des origines de cet écart entre
différents styles (ceux qui cherchent : black, thrash et death)
mais il semble pointer, insidieusement, autre chose, quelque chose de
plus complexe… Quoi qu’est-ce donc ?
Comme
tu le pressens, on s’en fiche un peu du style tant que ça envoie,
et le plus important : que c’est bien exécuté. Il y a
majoritairement deux influences dans notre EP : celle de Seb,
plus thrash et rythmique, et celle de Touni, plutôt death et
harmonique. On laisse les longueurs de coté, on coupe, on fait du
« direct et efficace » avec peu de fioritures. Pourtant
c’est loin d’être simple, chaque riff a une voire plusieurs
variantes et plusieurs harmonisations possibles. C’est rempli de
petits détails rythmiques et les structures sont plus complexes
qu’un simple refrain/couplet. On ne cherche pas la difficulté ni à
faire du metal technique, mais on aime bien des titres bien
travaillés, non linéaires et percutants.
4-
Vers quoi souhaitez-vous vraiment allez (la direction musicale, pas
nord, sud ou est… ni un lieu défini (et surtout pas un lieu
commun)… hum, je m’égare…) ? Tendez-vous vers une
bestialité contenue sauf des fois, on lâche la bride et hop, en
roue libre ? Une veine plus death ou un mix blackened death
thrash ? Ou non, vous préparez les gens à autre chose… de
plus vicieux (bande de pervers!) ?
Ce
qui nous intéresse, c’est une musique brutale, travaillée et
maîtrisée sur le plan technique sans en mettre plein la vue non
plus. Des titres assez courts afin que le public ne se lasse pas lors
de nos sets, des ambiances différentes d’un titre à l’autre
avec des identités marquées. Ce qui fait un de nos attraits, c’est
la variété de jeu que nous apportons. On passe par beaucoup de
registres musicaux et en concert ça donne un set où le titre N+1 ne
ressemble pas au titre N.
Nous
travaillons notre style principalement avec les influences de chacun.
Lorsque nous recrutons un musicien, il apporte sa signature
stylistique avec lui et nous l’intégrons. Warkult est un peu un
navire qui évolue au gré du vent, mais quoi qu’il se passe, le
vent soufflera toujours fort !
5-
Sous des textes assez cinglants vous tapez sur les travers de notre
société et du milieu musical qui nous plaît (du moins, dans votre
ep The wrong mood que se doivent d’acquérir les gens… va falloir
faire des prêts…). Est-ce finalement plus ça le concept de
Warkult : secouer les consciences brutalement ?
Warkult
est assez revendicatif sur ce plan-là, sans être particulièrement
engagé non plus. Disons que nous sommes critiques avec l’image du
monde telle qu’elle nous est renvoyée. Secouer les consciences à
une époque où peu de gens réfléchissent par eux-même est peine
perdue, donc nous n’espérons pas élever les consciences
simplement avec nos textes, cela serait présomptueux. Non, nous
parlons de ce qui nous intéresse, de ce que nous observons, de ce
qui nous atteint dans notre monde.
C’est
assez curieux d’ailleurs, d’observer que de plus en plus de
groupes - de tous styles d’ailleurs - dénoncent le monde dans
lequel nous vivons, et qu’il devient de pire en pire car nos
consciences s’engluent dans un réactivisme primaire et instinctif
de bas niveau. Plus nous avons des outils pour communiquer, plus nous
communiquons mal et sur des futilités. C’est étrange, mais nous
pensons que ce qui intéresse le plus le genre humain, c’est « du
pain et des jeux ». Réfléchir est une option pour beaucoup de
personnes.
6-
Quelles sont les influences qui sont en circulation dans le groupe ?
Y’en a t-il une ou deux douteuses (voir même honteuses que vous
allez révéler mais ça restera entre nous, sur le blog) ?
Certaines sont-elles l’origine de la colère et l’agressivité
dans le chant de Bertrand ? D’ailleurs, quelles sont ses
influences ( je pense que je peux faire une croix sur Bernard
Minet…) ?
Le
spectre de nos écoutes est large. Metal en tout genre, de toutes
époques, de la musique classique, de l’électro, dubstep, de la
variété… Des influences majeures sur notre jeu, notre style ?
Death, Machine Head, Behemoth, Emperor, Marduk, Kreator, Immolation,
Morbid Angel...
7-
Qu’est-ce qui vous énerve dans la vie de tous les jours ?
Est-ce que ça peut déborder (sûrement…) sur votre musique ?
Les
gens qui racontent n’importe quoi sans vérifier, sans réfléchir
à la cohérence de leurs arguments, qui sont persuadés d’avoir
raison et qui, en plus de cela, cherchent à te le démontrer avec
des arguments foireux.
Les
réseaux sociaux et la cohorte de conneries qu’ils véhiculent.
L’individualisme
rampant de la société dite « civilisée ».
Les
inégalités flagrantes, le fait qu’on veuille tout changer mais
que rien ne change.
Le
monde des écrans, qui nous impose son mode de pensée et sa
philosophie de plus en plus crasse, mais dont chacun se délecte.
Le
manque de culture et d’éducation, l’irrespect, la violence pour
dire « Ta gueule j’ai raison » alors que non.
La
mise en scène individuelle, la mise en valeur de chacun sur
Internet, on n’existe que pour se regarder dans un miroir, c’est
bien triste…
Oui,
tout cela nous énerve, nous atteint, nous fait réfléchir et nous
influence dans notre musique, nos paroles.
8-
Pourquoi (oui, une question courte et chiante en même temps par
moment, c’est bien…) ?
Pourquoi
pas ?
Réponse :
NON.
9-
Quels groupes gravitent autour de Dieppe et qui serait bon de
connaître ? Existe-t-il une scène locale qu’elle est bien
(ou qu’elle pue, c’est aussi une possibilité) ? Il y a
moult groupes normands qui défouraillent. Pensez-vous que ce sont
nos origines (oui, je suis un normand pur beurre) ? Pensez-vous
que le courant musical que je souhaite lancer, le deaf metal, aurait
du succès ?
On
va citer quelques copains avec lesquels on se croise régulièrement…
SubstanS, Noein, DCA, Dry My Tears, Stabwound, Skies May Ignite,
Prophecy Of Apocalype, Evolution Zero, Meline, Eyestral… La scène
normande fourmille de bons groupes actifs ! Le deaf metal… tu
dis cela par rapport à la prononciation bizarre des normands ?
Ou tu as une autre idée derrière la tête (ou ailleurs ? )
10-
a) Êtes-vous pour ou contre l’euthanasie des hot-dogs avant
cuisson ? Peut-être
- b) En êtes-vous certain ? P’têt ben
qu’oui.
- c) Et oserai-je évoquer le sujet sulfureux et polémique des
kebabs ? P’têt ben qu’non.
11-
Pourquoi être aussi agressifs dans votre propos musical ? Ne
serait-ce pas un moyen d’attirer à vous de l’attention ?
Peut-on espérer un jour un featuring avec Calogero (je voulais
proposer Johnny Hallyday mais c’est trop tard…) ? Quel(s)
artiste(s) vous insupporte(nt) ?
L’agressivité
musicale est à l’opposé des personnes que nous sommes :
calmes et posés, et pas agressifs justement. C’est peut-être un
exutoire, une façon d’exprimer tout ce qui ne peut pas être dit
au quotidien, une façon d’évacuer la rage qui nous anime parfois.
On pourrait faire du sport, mais on préfère créer et partager :
ça s’appelle la musique, et le metal plus particulièrement se
prête bien à cet état d’esprit. Pour ceux qui nous insupportent,
il suffit de jeter une oreille sur les grandes audiences populaires
de Youtube et autres vecteurs modernes d’inculture, et tout est
dit.
12-
Que pensent votre famille et votre entourage de vos talents de
ménestrels ? Sont-ils fascinés, fans ou plutôt prêt à
remonter le temps pour vous dénoncer à l’inquisition ?
Sont-ils plutôt des personnes avec des regards différents amenant
des avis éclairés sur ce que vous pourriez proposer ?
Les
avis sont très variés dans nos entourages. Nous avons des proches
qui se sentent concernés et qui s’intéressent, et d’autres qui
ignorent complètement ce que nous faisons. Nous ne nous sentons pas
particulièrement investis de la mission d’aller convaincre nos
familles. Nous préférons convaincre notre public, c’est plus
objectif quand ce sont des metalleux qui disent qu’ils nous
apprécient que quand ce sont nos mamans (même si on aime bien quand
même, en fait ! )
13-
Quels sont vos métiers et passions dans la vie (outre Warkult, bien
évidemment…) ? Des amateurs de Bingo, de bongo, du Congo, de
café Malongo… ? Des collectionneurs de pièces de puzzles ?
La
lecture, les séries, les sorties en famille, la fiesta tous
ensemble, faire du bricolage dans nos maisons (sauf Guigui il n’aime
pas), aller en boite bourrés, aller regarder passer les trains (« à
huit heures je vous ramènerai » celui qui comprend celle-là
est un champion…), la cuisine à l’ail, les jeux vidéos, LA
RACLETTE !!!, discuter et refaire le monde au bar, zoner devant
le PC en s’emmerdant, poser du placo… Bref, la vie ! Nos
métiers ? Eh bien on évolue dans le milieu scolaire… Ca
inspire aussi, ça, tiens...
14-
Est-ce facile de pouvoir concilier le tout ? Avez-vous des
opportunités de faire des dates vers nos voisins belges (ça me
paraît le pays le plus proche, accessible avec un bon véhicule
équipé d’un moteur et de roues) ?
Rien
n’est jamais simple, surtout avec un métier et des familles
(parfois recomposées ! ) à gérer. Il faut s’organiser. Pour
l’instant les dates se font attendre. Mais si on a une opportunité,
on tente toujours de dégager des créneaux ! On est prêts à
aller un peu partout pourvu que ce soit des dates intéressantes. On
en a un peu marre des petits bars (bien sympas au demeurant, ce n’est
pas une critique) dans lequel on n’a pas de place et où on joue
sur un timbre-poste avec un système son apocalyptique.
15-
On arrive bientôt à la période des festivals. Entre le Hellfest,
le Sylak fest, Moshfest (lui, il est cool), Motocultor, Download…
que pensez-vous de cette prolifération de festivals et avez-vous
l’impression que certains partent vraiment en couille (sans citer
de noms…) ? Trop de festivals tue le festival ?
Finalement, rien ne vaut-il un petit festival pépère underground
(coucou le Moshfest!!) ?
Sur
les festivals, les avis divergent. Certains aiment bien les grandes
structures, ce sont des occasions particulières de rencontrer du
monde, de voir énormément de groupe connus - voire mythiques - mais
c’est parfois un peu l’usine. Un petit festival local est
toujours sympa, on est quasiment entre potes… C’est sur cette
formule-là qu’on aimerait évoluer désormais, sur des petits
festivals d’été en France et Belgique.
16-
Abordant ce thème ici même, on est sûrement d’accord qu’il y a
des personnes allant à ces festivals (je pense aux grands festivals)
dont on se demande la raison de leur présence (tourisme ? GPS
défaillant ? Pari perdu ?…). Ce qui nous amène à
parler du problème récurrent des poseurs… Perso, c’est le genre
de personne qui me gave, et un peu creuse dans ses propos car
généralement ne maîtrisant rien dans ce qu’elle est sensé aimé
(musicalement je parle). Et vous, qu’en est-il de votre opinion ?
N’avez-vous pas une méthode efficace pour les faire disparaître
(insecticide, lancés de cd de Jul, arrosage avec dissolvant… ?
Des
poseurs, il y en a toujours eu. Certains sont même devenus des
musiciens intéressants et reconnus par la suite ! Un jeune qui
ne connaît pas grand-chose peut facilement passer pour un poseur au
moment où il commence à s’intéresser, tout le monde n’a pas
forcément la même approche de la musique. Ce n’est pas cela que
nous dénonçons.
Mais
un gars qui va s’arc-bouter sur un style extrême sans chercher à
le comprendre, juste par esprit de contradiction par rapport à son
entourage mais qui ne n’y entend rien, il passera vite à autre
chose. Les gens qui veulent juste se la jouer en se disant « Ouech
t’as vu, je suis trop genre metal lol », il suffit de les
ignorer et le tour est joué. Ca leur passera avec le temps.
Après
il y a aussi un public de curieux ouverts d’esprit, un public
d’amateurs de festoches, du moment que ça fait la fête et que ça
s’ambiance... On peut comprendre que des gens cherchent un état
d’esprit positif et sympathique même sans rien comprendre à la
musique.
17-
Merci à vous d’avoir accepté de jouer le jeu de répondre à mes
questions, dans la pertinence n’est pas à douter (ou bien si en
fait…). C’est à vous de conclure cette interview !
Nous
remercions sincèrement Margoth PDF pour sa bonne humeur et sa
sympathie, et aussi pour l’intérêt que vous portez à Warkult.
Merci à vous pour partager toutes vos découvertes et nous espérons
un jour vous rencontrer sur scène ou dans un bar !
Enjoy !
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