Interview Maps and Foils
MAPS AND FOILS
Jeune groupe plein d'avenir qui a sorti un premier album (#1) en 2017, alors sous forme de duo, qui pète les jambes, se baladant du coté de Paris, Maps and Foils a accepté de répondre à mes quelques questions, histoire d'éclairer un peu plus les infos sur le groupe et ce fameux premier album. Photos provenant de leur facebook.
1- Bonjour à vous,
jeunes troubadours plain d’avenir ! Comment allez-vous ?
Bon, si vous nous comptiez l’histoire de Maps and foils ? Mais
avec des blagues à l’intérieur . Pour décontracter
l’atmosphère...
Tristan (chant/guitare) : Salut ! Ca
va et toi ? Maps And Foils, c'est un projet post-hardcore métallique
qui a débuté en novembre 2017. Histoire de tout faire à l'envers,
on a commencé le projet en duo avec Thomas qui jouait de la guitare
pendant que je faisais l'homme orchestre (batterie, basse, gratte,
kazoo..). On a sorti un album et un clip en septembre 2018 puis on a
recruté deux mecs cools qui s'appellent Ewen et Lucas pour répéter
et faire des concerts avec nous. Du coup, ça a pris un peu de temps
mais on attaque 2019 avec du live et des sorties à venir.
2- J’ai beau me
tourner le nom du groupe dans la tête, je ne comprend pas
nécessairement le sens de celui-ci. Pouvez-vous m’éclairer sur sa
signification, car à mon avis, il y a un sens particulier. Est-ce un
fil rouge qui relie le tout de l’album ?
A la base, on devait s'appeler Coronary Nom Of
The Forgiven Afternoon mais c'était un peu long et les générateurs
de nom de groupe, c'est pas terrible niveau street cred.
Foils, en français, c'est la notion de
contraste, d'opposition, comme les antagonistes dans une pièce de
théâtre ou un film. Ca représentait bien la dynamique de notre
musique avec l'alternance des passages calmes/pas content dans les
morceaux. Maps, carte, donc, c'est plus l'idée de la recherche
perpétuelle de sens qu'on évoque dans le morceau La Tristesse De
Demeter. Après, la légende dit aussi que Thomas voulait qu'on
s'appelle Maps et moi je voulais qu'on s'appelle Foils.

3- Votre premier
album s’est concrétisé rapidement après la formation du groupe
(alors duo… on va y revenir plus loin!), dans une veine post
hardcore metal.
a)- Était-ce un
besoin absolu de faire quelque chose, qui a servi d’exutoire ou
étais-ce juste un besoin impérieux ?
J'ai envi de te dire les deux. On a monté Maps
quand mon ancien groupe Ellipsen (post rock instrumental
parigo-rennais) a splitté. J'avais pas mal de trucs à exorciser à
l'époque et Thomas était chaud et dispo pour faire du son donc
c'était parfait. Et parfait pour mon égo aussi. On voulait sortir
quelque chose rapidement donc travailler en binôme, c'était une
évidence. L'auto-production aussi. Je me suis occupé de
l'enregistrement et du mixage, c'est mon pote Jason Pinheiro qui a
fait le mastering. Au final, ça nous aura pris un an pour
concrétiser les dix titres de #1.
b)- Le choix du
style est-il dû au besoin de faire autre chose, de faire un condensé
de vos différentes expériences ou autre chose, comme un besoin de
tout péter ?
L'exutoire était définitivement à l'ordre du
jour avec des riffs metal bien bas du front mais on s'est surpris à
composer des trucs beaucoup plus mélodiques. Thomas écoute pas mal
de rock prog et il est hyper bon pour trouver des textures sonores.
Moi, c'est plus le gimmick qui tue. On se retrouve à faire une sorte
de post-quelque chose un peu hybride à la croisée des mondes entre
Slayer et Blink 182.
c)- Vous concentrez
aussi vos efforts au niveau de l’image, avec des clips. Est-ce pour
faire passer une autre partie des messages, tout en offrant une
vision plus aboutie par le prisme du clip ?
On voulait que le visuel de l'album soit cohérent avec notre son car c'est aussi important que la musique en terme de vitrine, surtout à l'heure de la promo 2.0. Un ciel bleu sur la pochette pour contraster nos idées noires, ça me plaisait bien. Concernant le clip pour Le Bruit Qui Retentit En Enfer, c'est une référence complètement cryptique à une interview de John Frusciante ! En gros, l'inspiration est déjà dans la pièce et le musicien n'a plus qu'à faire acte de présence pour que la musique s'écrive d'elle même. Du coup, on a tourné le clip dans le local où on a écrit l'album avec des fantômes en draps noirs qui installent le matériel. Ca fait un peu burqa party mais bon ! J'aime bien l'idée qu'on puisse voir où « tout a commencé » jusqu'à l'aboutissement du projet. C'est aussi pour ça qu'on a sorti le making de l'album qui décortique les sessions de mixage de chaque morceau. C'est très geek mais ces trucs là me passionnent.
4- La tonalité de
l’album dégage une certaine mélancolie teintée d’une forme
d’optimisme. Est-ce un hasard ou du tout, je m’égare, c’est
pleinement assumé ? Quelles sont les thématiques que vous
abordez ou souhaitez explorer ? Ou en fait, vous avez trouvé
que ce serait plus pertinent qu’une atmosphère à la Patrick
Sébastien (et que ça ferait quand même vachement plus sérieux,
sans déconner!) ?
Optimisme
mélancolique ou mélancolie optimiste ? J'aime bien les deux !
Thématiquement, ça tourne beaucoup autour de l'introspection. Ca
parle de rupture, de nouveau départ, de création, du syndrome de la
page blanche... J'essaie toujours d'avoir une punch line ou un twist
dans les paroles pour pas qu'on résume nos textes à « la vie
c'est d'la merde ».


5- Sur la base
musicale susmentionnée à la 3è question, vous y injectez des
éléments très différents, comme des passages presque
atmosphériques ou franchement éthéré. Une façon de faire un clin
d’œil à vos influences, un besoin d’offrir quelque chose de
plus complexe offrant une certaine réflexion ou même, soyons fous,
les deux !? Ou j’ai tout faux, honte à moi ?
Fantomas a sorti The Director's Cut il y a 20 ans donc on a lâché l'affaire concernant la quête de l'originalité et de la complexité ! Plus sérieusement, ce qui nous intéresse, c'est l'énergie et l'émotion. D'où l'étiquette post-hardcore, je suppose. A l'écriture, on essaie toujours de se défaire des sonorités trop typées même si nos influences restent évidentes. Quand je chante, on pense forcément à des groupes comme Aqme et on riffouille plus comme un groupe de metalcore des années 2000 qu'un groupe de de djent moderne. Les parties atmosphériques, c'est un peu la récréation. Tu ne penses plus en terme de technique mais en terme de ressenti. C'est un aspect musical qui nous plait énormément.
6- Êtes vous arrivé
avec cet album à réussir à concrétiser votre pensée tourmentant
votre psyché, offrant un terreau à vos tourments à disséquer (hop,
question retors)?
A mort ! La catharsis, à défaut d'être
un bon album de Machine Head, c'est surtout le meilleur outil du
musicien et de l'artiste en général pour ne pas devenir fou.
7- Vous avez
commencé l’aventure Maps and Foils en duo et maintenant vous êtes
un quatuor.
a)- Est-ce à la
base pour assurez les lives ou c’est un moyen d’évoluer et
d’aller plus loin dans certaines voies à explorer ?
Un peu des deux. Quand on a commencé Maps, on
était juste deux mecs qui voulaient faire de la musique. L'exercice
a pris la forme d'un album et en cours de route, on savait qu'on
irait forcément vers du live.
b)- Cette évolution
change-t-elle la dimension musicale du groupe, en la densifiant ?
Complètement ! L'épreuve des répètes
et du live, c'est flippant car il y a toujours le risque que tes
arrangements défoncent en studio mais perdent en puissance en live.
Au final, on joue mieux, on sonne mieux et on a une bonne dynamique
de groupe.
c)- Lucas et Ewen
apportent-ils un nouvel angle de vue pour le groupe ?
Avoir Lucas à la batterie, ça change la
donne ! On joue ensemble depuis qu'on a 16 piges donc je savais
qu'il apporterait sa rigueur et sa patate. Ewen, c'est la même. Il a
un jeu très distinctif et il apporte ses cojones à notre son, c'est
parfait. Comme le répertoire existait déjà, il a fallu qu'ils se
mettent dans le bain, et nous pareil pour que certains morceaux
fonctionnent. On a trouvé un bon équilibre et surtout, on se marre
bien !
8- Le titre ‘Le
tombeur de cordes’ se détache vraiment des autres titres, offrant
une ouverture sur quelque chose, musicalement, de plus
cinématographique. Quelle est son origine et quelle signification
renferme-t-il ? Est-ce un titre qui a été difficile à
engendrer ?
C'est
effectivement un morceau un peu particulier. On avait presque fini
l'album mais pour moi, il nous fallait un morceau calme. Un truc qui
aurait pu servir d'interlude au milieu de l'album comme Teenager sur
le White Pony des Deftones. Thomas m'a envoyé sa démo et ça
matchait avec une mélodie que j'avais déjà dans les cartons.
Résultat, après un mash up des deux idées et une heure de jam
intensif, on avait un morceau de 7 minutes. Ce qui est génial avec
ce genre de titre, c'est que tu peux te lâcher sur l'écriture et
les arrangements. Ca nous a fait un superbe ovni pour clôturer
l'album. Quand à sa signification, je n'ai pas de réponse. On est
plus dans l'onirique et le sensoriel. Et toi, qu'est-ce que tu en
penses ?

9- Vous avez choisi
de chanter en français.
a)- Est-ce vraiment
un choix ou bien, vous êtes aussi doué que moi en anglais ?
Les
deux ! Ca fait dix ans que je gueule dans un micro avec un
accent pas possible. Il était temps d'arrêter le massacre ! Je
sais que c'est paradoxal de chanter en français quand bien même on
a nom anglais mais je m'en fous un peu. C'est la musique qui compte.
Et on a failli s'appeler Coronary Nom Of The Forgiven Afternoon, ne
l'oubliez pas !
b)- Est-ce plus
facile de faire passer des idées et des émotions ainsi ?
Carrément.
C'est vachement libérateur et flippant dans un sens car il n'y a
plus la barrière de l'anglais pour maquiller les confessions. C'est
pour ça que je joue beaucoup sur les images, les jeux de mot, les
doubles sens. J'adore ça. Passion jeux d'mots. Et puis quand tu
ouvres ton album en criant « je meurs », c'est un bon
défouloir pour tout le monde.
c)- Vous admirez
secrètement Misanthrope et espérez devenir leur égal dans la
manipulation de la langue de Molière ?
C'est marrant car je prends plutôt mes
références du côté d'Alcest, Amesoeurs ou Les Discrets. Mais
c'est un peu le même combat : la désillusion et la poésie. Un
peu comme Patrick Sebastien.
d)- Ou est-ce plus
compliqué que ça et un peu de tout ça, mais surtout la c)- ?
C'est surtout la d !
10- Bon on discute
de pas mal de choses mais on en oublie un peu les influences. Alors,
question simple et vaste : quelles sont-elles ? Des
conseils de groupes pas connus à découvrir ?
C'est toujours compliqué comme question car on
est des boulimiques de musique. Pour moi, ce serait Cave In, Deftones
et Metallica. Ca ouvre large sur tous les groupes de Hydra Head
Records, les groupes de néo du début des 00s et la scène
thrash/speed metal californienne. Thomas, c'est beaucoup Mastodon, A
Perfect Circle, Tool et Porcupine Tree.
Pour le 1er janvier 2019, on s'est retrouvés
sur la compile de la Légion Underground. Il y a énormément de bons
groupes dessus. Je pense à Serenius qui envoie bien. Sinon, il y a
les copains de chez Far Away et Little Mighty Creatures qui sont
excellents ! Bonne musique/20
11- A coté du
groupe, je suis certain que vous avez une vie. Que faites vous donc
de celle-ci et est-ce facile de conciliez le tout (ou alors, pfff,
trop facile, z’êtes à Paris!) ?
On passe nos vie à boire des bières, rigoler
très fort et faire de la musique. Bien sur, on travaille et on a une
vie sociale, à côté ! C'est très dur de concilier le tout. Quand
je bois une bière, je ne peux pas jouer de guitare car j'ai les
mains prises. De même, ma vie sociale m'empêche de faire de la
musique à plein temps. Tout est une affaire de compromis. Le tout
est de savoir comment tu peux botter en touche pour ne pas répondre
à certaines questions !
12- Et que pensent
vos proches de Maps and Foils ? Amateurs, dubitatifs, appels aux
exorcistes ?
Amateur,
oui. On nous dit souvent qu'on est des amateurs. Les retours ont été
très bons. Ma mère a acheté le disque, c'est pour te dire. Plus
sérieusement, le mélange des styles et le fait que ce soit en
français plaît
beaucoup. Pour un album entièrement DIY, c'est chouette d'avoir des
avis positifs sur la production et l'écriture. En plus de ça, le
tremplin Emergenza nous a permis d'enfoncer le clou avec le live et
de faire des supers rencontres comme les gars de Told You So. Pas
d'exorciste en vue, donc.
13- Qu’appréciez
vous dans d’autres domaines (ciné, littérature…) et cela
transparaît-il au sein de la musique que vous créez ?
Je suis un gros fan de retro gaming. J'écoute
les OST de final fantasy en boucle, je pense que ça s'entend dans
nos mélodies cheesy et les parties un peu cinématiques. J'aime bien
les trucs d'horreurs un peu bizarre, ça travaille l'imaginaire et
c'est cool pour dessiner ou écrire des textes. On lit aussi beaucoup
la Redoute. Ca ne transparaît pas trop dans notre musique. Plutôt
dans les mouchoirs (désolé pour cette blague).
14- Vous prévoyez
un Ep en 2019. Allez-vous continuer l’exploration abordée sur
l’album, avec la patte des deux autres membres ? D’autres
projets ?
On a un morceau dans les cartons qui va
sûrement sortir en single en attendant de finir l'écriture du
nouvel EP. En terme de direction, je dirai qu'on a durci le son et
assombri le propos ! Sinon, on joue au Quartier Général
Oberkampf à Paris le 28 février 2019 avec Papash Corp, l'autre
groupe d'Ewen.
15- Merci à vous
d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. C’est à
vous de conclure ! Lâchez-vous !
Si faut conclure, on va partir sur un
malentendu, ça devrait marcher. En vrai, merci Benoit et merci
Margoth pour la chronique et pour l'interview. A très bientôt !
Commentaires
Enregistrer un commentaire