P.U.T 'We are (br)others'

2019 P.U.T - CD 


P.U.T est un groupe atypique formé en 1998, constitué de 3 frères et qui nous propose ici leur 6è album et dont je n'avais jamais entendu parlé et dont j'ignorais l'existence si Lionel Beyet n'était point venu au contact.
Alors quoi que donc qu'est-ce que ce mystérieux groupe avec cet album? Déjà, d'entrée de jeu, comme ça, à froid, je vous conseille de mettre de coté vos acquis et vos certitudes car ce groupe va vous les balayer d'un coup, surement par un coup de pied balayette suivi d'un high-kick en plein les burettes.
Entrer dans le monde de P.U.T c'est comme entrer dans une sorte de cauchemar lucide, le groupe proposant une musique très sombre, poisseuse et assez à part quand même mais non dénuée de choses intéressante.
Pour qualifier ce que font ces trois frères fous, c'est une sorte de sludge industrial noise avec des relents punk. C'est pour ça que je dit qu'ils sont fous. Car quand même c'est soit ils sont fous soit ils ont les plus grosses couilles de l'humanité pour proposer une telle musique. Ou peut-être les deux... Quoi qu'il en soit, les trois frères m'inspirent le respect, aussi bien de par la longévité du groupe que par la forme qu'il proposent.
Alors oui, c'est vraiment particulier ce que P.U.T propose, avec un coté lent et lourd, poisseux mais qui nous piège lentement, nous enfermant avec eux dans leur univers très personnel m'évoquant parfois Samael (bon, il y a pire quand même non?).
Un autre élément à donner avant de creuser cet objet hors norme, c'est de savoir que ça part dans tous les sens mais pas de façon chaotique.
On est loin mais alors loin de ce que j'écoute habituellement. De prime abord, j'ai eut beaucoup mais alors beaucoup de mal à dépasser les deux premiers titres, très lents, lourds. J'ai néanmoins persisté et en arrivant au troisième titre, j'ai pu enfin plonger dans leur univers. Car oui, le groupe amène lentement son essence. C'est très anxiogène et paradoxalement, c'est très ouvert en offrant un gros coup de pied à nos habitudes sonores.
Si beaucoup d'éléments sont clairement indus et que l'ensemble peut dégager un coté malsain, de machines sans humanité, le groupe amène progressivement des éléments qui enrichissent leur musique et surtout qui donne des éléments de compréhension et de cohésion qui paraissent absents sur les deux premiers titres, très anxiogène et sombre (l'ai-je déjà dit?).
Le groupe a son rythme et au troisième titre ('In conflict'), celui prend un aspect plus rapide (et plus conventionnel bien que ce mot n'ait pas de raison d'être ici) où la synthèse de P.U.T apparaît pleinement et commence alors à nous faire explorer cet univers quelque peu glauque. Et on est plus proche d'une expérience musicale que d'un simple album.
Même si des titres ou des passages sont plus marqués que d'autres au niveau tempo, on reste dans un rythme propre au sludge où l'on s'enfonce bien à mi-cuisse dans un bourbier recelant mille facettes.
Le coté industriel est renforcé par les boucles et samples qu'utilise le groupe, plongeant encore plus l'auditeur dans un monde déshumanisé, un peu à la Terminator (sauf que là, tu as une chance de t'en sortir), permettant de jouer aussi bien sur les rythmes que des ambiances ou des ressentis dans le même temps.
Parfois, on a l'impression de se retrouver à écouter des remix étranges de groupes (Pet Shop Boys, au hasard, sur 'Oppressed', très dérangeant et en même temps accrocheur). Car oui, c'est dérangeant mais dans le même temps, l'utilisation de samples ou les lignes de guitares nous rapprochent de flous repères ou proposent une dimension supplémentaire au titre que l'on ne peut pas évacuer. Quand il n'y a pas un coté presque dansant, inattendu.
Et c'est aussi une des caractéristique de la musique que nous propose les frangins: être à la fois dans un univers sans repères clairs tout en ayant des éléments qui nous parle, nous évoque des choses, à travers ce fameux ressenti propre à chacun. Il est certain que des choses vous parleront alors que moi, ça ne m'a pas marqué.C'est une force du groupe de permettre aux auditeurs de s'approprier une musique difficile d'accès via un ressenti qui varie d'une paire d'oreilles à une autre.
Si un malaise et un coté malsain sont indéniable d'un bout à l'autre de l'album, cela n'empêche pas le groupe d'offrir des bulles d'air ponctuellement, permettant de mieux appréhender cet album. Que ce soit des moments plus aériens ou plus conventionnel aux règles musicales, même si globalement, on est pris dans quelque chose qui martèle le cerveau par le biais de boucles qui se répètent dans les titres, cette répétition n'étant pas là pour être rébarbative mais pour nous accompagner dans la compréhension de leur musique, étant là aussi une répétition qui renvoie au rythme de celui-ci. Bordel, c'est comme si ils aurait voulu mettre le concept du film Inception en musique!
Même si les répétitions sont une marque de fabrique, cela n'enlève pas à leur musique la complexité qu'elle renferme, où par exemple l'aspect punk sera plus dans une conception avec le chant, une mentalité et des éléments musicaux qu'une forme caractéristique nette, explosant vraiment les conventions tout en offrant une cohérence.
Alors oui, P.U.T c'est bizarre, c'est dérangeant, c'est sombre mais putain, ça fait aussi travailler notre cerveau car il peut peut probable que vous vous arrêtiez juste à la musique sans plus de réflexion.
P.U.T est un groupe que je mettrais sans problème aux cotés de Dementia Simplex pour le coté fou et atypique mais offrant une lecture à plusieurs niveaux, tout en gardant un coté accrocheur, avec leur rythme, leur manière d'amener un univers vraiment étrange mais foutrement riche.
Pour ceux qui ont l'esprit ouvert ou l'âme des aventuriers!





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